vendredi 24 février 2006

Un moineau dans le rayon

Les oiseaux dans les supermarchés, fléau des temps modernes, bêtes noirs des magasiniers, véritable danger volant !

Ce matin, je déambulais d’un pas ravi dans les allées de mon Cora officiel. Le temps était à la neige, le salaire fraîchement viré, tout n’était qu’appel à la consommation. Victuailles et calembredaines allaient bientôt dégueuler de mon caddie, pour mon plus grand plaisir.

Mon parcours fut entaché par le vol en rase motte d’un oiseau, un moineau pour être précis.

Attardons nous d’abord à bien connaître notre ennemi.

QUI :



Moineau Domestique de l’ordre des Passériformes, de la famille des passéridés. Nom scientifique : Passer Domesticus.

Nicheur sédentaire, migrateur et hivernant. Espèce protégée !

Connus de tous, le moineau est si commun que le passant ne daigne plus le regarder. Ce passereau fréquente le voisinage de l’homme.

Régime : Omnivore et opportuniste (c’est le moins qu’on puisse dire), il se nourrit pour l’essentiel de graines, d’insectes mais aussi de bourgeons, de fruits, ce qui le rend impopulaire auprès des jardiniers. Il ne migre pas, commensal de l’homme, son régiment alimentaire dépendant étroitement de l’homme.

A croire que ces bestioles sont apparus en même temps que les premières grandes surfaces vers la fin des années 60. Où se nourrissaient-ils avant, dans les petites épiceries du coin ? Laissez-moi rire.

COMMENT ET POURQUOI :

Il faut d’abord se demander comment les moineaux sont arrivés dans les grandes surfaces. Par une porte dérobée, attirés par les miettes ? Je n’en crois rien. Le bâtiment reste hermétique et plus que sain (des contrôles réguliers sont effectués), si ça puait la miette à dix kilomètres à la ronde, les services sanitaires ne tarderaient pas à débarquer et à fermer la boutique.

Arrivés là par hasard ? Allons voyons, cessez de me prendre pour un idiot. Pourquoi pas de moineaux chez Mondial Moquette ou Gemo hein ? Pourquoi, si leur présence n’est que le fruit du hasard, ils pourraient très bien déambuler dans les allées d’un Castorama bordel !

Je penche plutôt vers la théorie du complice. Les moineaux ont des complices prêts à tout pour les introduire à l’intérieur.

Une femme de ménage bénévole à la SPA du coin, qui laisserait un velux volontairement ouvert ? Pas impossible. Pour ma part, je tendrais plus vers l’hypothèse d’un syndicaliste revanchard et particulièrement zélé. « La CGT exige une voiture de fonction pour chacune des 137 caissières sinon je fais rentrer illicitement une flopée de moineaux domesticus, qui provoqueront peur, dégâts, et fientes à gogo. Alors, vous décidez quoi ? »

Dernière éventualité, et non des moindres : Le moineau n’est que la manifestation poujadiste d’obscurs desseins visant à renverser le grand Capitalisme en la personne de la société de consommation, directement importée des Etats-Unis. Le moineau dans la grande surface n’est donc qu’un acte politique et engagé de la part de partis extrémistes qui ont juré l’anéantissement du Dieu consommateur.

Le moineau, une fois introduit, ne sortira de son havre de paix qu’à sa mort (longévité : 13 ans). Le plus vieux moineau recensé en France : au Carrefour de Brie Comte Robert, 11 ans. Il est rentré à la création on ne sait par quel miracle. 11 ans messieurs dames, que des trappeurs essayent vainement d’attraper et de tuer ce merdeux petit volatile. Ses dégâts se chiffrent désormais en milliers de dollars tant il est vorace et destructeur. A l’heure où j’écris ces lignes, il est en train d’éventrer un paquet de BN ou grailler du pain de campagne au rayon boulangerie, qui sait…

On peut se questionner également sur le choix du moineau. Jamais un merle, un étourneau ou une pie en rayon. Tout simplement parce que c’est une petite saloperie d’opportuniste, voilà pourquoi. Un putain de profiteur juste bon à bouffer, dormir et se reproduire. Parce qu’en plus, Monsieur a des goûts de luxe. Vous ne le verrez jamais dans un hyper-discount. Pas un seul volatile chez Lidl, Eda, Aldi et autres Lidela…

Reste le problème de l’eau. En effet, si la nourriture s’étale à profusion, les points d’eau se font plus rares dans les grandes surfaces. La plupart des moineaux s’abreuvent de la glace au rayon poissonnerie (je les ai longuement observés). Supprimer la glace sous les poissons, et vous supprimez les moineaux.

LES SOLUTIONS :

Alors que faire pour éradiquer pareil fléau ?



Auchan fut la chaîne de magasins la plus prompt à réagir face à ce problème. Une tactique vicieuse et fourbe certes, mais qui à la mérite de mettre au grand jour cette situation qui n’a que trop duré. Après moult plans, ils ont décidés d’arborer depuis des années un moineau en logo. Rendez-vous compte…Les professionnels sont montés au créneau, indignés et furieux face à ce revirement provocateur.

Alors pourquoi Auchan a-t-elle choisi un vulgaire piaf comme logo ? Tout simplement pour effrayer les autres moineaux attirés par l’odeur des miettes. Il fallait y penser ! En affichant un gigantesque pioupiou sur leur devanture, ils marquent leur territoire et effrayent ainsi les volatiles les plus courageux. « Ici, c’est mon territoire, ne t’approche pas ou je te becte » semble proférer ce gigantesque moineau à la robe rouge criarde.

Hélas, même si l’idée semblait bonne, c’est l’effet inverse qui se produisit. Les moineaux des environs, surpris de voir la taille de ce congénère hors norme, se sont empressés de faire passer l’information : « putain regardez un peu la taille de celui-ci ! Ce gros tas, il doit y avoir de la bouffe à s’exploser le bide, allons-y ! »

Voilà pourquoi aujourd’hui, nous constatons une recrudescence des moineaux dans les Auchan. Tel est pris qui croyait prendre.

Alors quelles solutions ?

1/ Multiplier les pièges et la prévention. Par quels moyens ? Des sas de sécurité, avec détecteur de plumes tout simplement. Il fallait y penser.

2/ Introduire des rapaces dans les grandes surfaces, censés chasser les petits moineaux de nos rayons. Et pourquoi pas ainsi, développer des visites à thème, le dimanche par exemple, ou en semaine pour les écoles, dans les rayons. Imaginez la joie des plus jeunes admirant un vol de vautour fauve au dessus du rayon produit de beauté.

3/ Offrir des récompenses (bon d’achats notamment) à tout client susceptible d’attraper un moineau à mains nues ou par tout autre moyen envisageable : arbalète, lance flammes, catapulte…

4/ Engager de réels professionnels, rompus à ce genre de problème : fauconniers, mercenaires ou ninjas, qui, après avoir nettoyés les lieux, formeront les caissières –sur leur temps libre- afin de prévenir une toute éventuelle récidive.

Ce laxisme ambiant, cette désinvolture face à l’invasion dans nos temples de la consommation est inadmissible !

Si on ne fait rien aujourd’hui, demain plus personne ne s’inquiétera de pélican dans le rayon poissonnerie, des poules dans les rouleaux de sopalin, ou que sais-je encore…

lundi 13 février 2006

Fuck the Flak !


Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours eu une adulation sans faille pour les flaques d’eau surprises dans le salon.

Elle apparaissent la nuit, dans l’anonymat général, sans trompette ni fanfare, et sont découvertes généralement au réveil suscitant consternation, stupeur et effroi.

On s’y regroupe autour en famille, les plus courageux iront jusqu’à la tâter d’un doigt inquisiteur afin d’en prendre la température ou la texture. Les précautions d’usage sont universelles et tombent comme un couperet à l’égard de tout individu ignorant la présence de cette flaque : « MARCHE PAS LA ! C EST MOUILLE !! ». Phrase suivie d’un geste de bras, comme pour protéger la flaque et non le marcheur. Marcheur qui pourrait vite se transformer en glisseur si rien n’était fait très rapidement (sécuriser la zone notamment).

A cela s’ajoute la responsabilité du découvreur de la dite flaque. Il est censé trouvé la source, l’origine, et effacer toute preuve et conséquence de cette foutue flaque. Si bien qu’au réveil des autres occupants de la maison, la flaque devra être totalement résorbée. Un vilain souvenir qui fera le sujet principal de conversation au petit déjeuner.

On s’interrogera, on posera moult questions, chacun y allant de sa théorie personnelle pour justifier la présence de cette putain de flaque d’eau au milieu du salon. Le découvreur de la flaque, tel un Christophe Colomb en pyjama, racontera en détail sa découverte, alliant finesse, humour et stupeur dans un récit fantasque dont tout la tablée se délectera. Si la flaque a provoquée une chute (mortelle ou non), la flaque se transforme vite en ennemie. On cherchera et on trouvera le responsable de cette flaque afin qu’il pourrisse en prison jusqu’à sa mort.

Pour rendre littéralement dingue une maîtresse de maison, créez chaque nuit une flaque à divers endroits de la maison. Tantôt dans le salon, tantôt dans une chambre ou dans le couloir. Répétez le phénomène durant trois mois chaque nuit. Internement garanti !

Le réflexe qu’a toute personne découvrant une flaque dans le salon : regarder au plafond. Un réflexe stupide (comme tous les réflexes d’ailleurs, les réflexes c’est tous des gros cons d’façon) mais terriblement drôle ou honteux lorsqu’on vous surprend à regarder le plafond. Et plus la flaque est étendue et vaste, plus le fait de regarder au plafond frise le ridicule (je conseille vivement aux futurs découvreurs de flaque de regarder le plafond le plus discrètement possible, d’attendre qu’il soit seul ou qu’une autre personne regarde à son tour le plafond pour se permettre de le fixer). Bizarrement, dans pareille situation, personne ne pense à regarder les murs, murs qui pourraient, avec un jet digne d’un geyser, créé de bien belles flaques si peut qu’ils s’appliquent.

La flaque devient vicieuse si sa surface reste isolée, séparée de tout meuble, tapis ou pot de fleur. Elle devient surnaturelle si vous vivez dans une zone aride et sans eau courante. Sa source devient alors indétectable et peut rapidement rendre fou le plus sain des Hommes. Si la flaque est en forme de triangle rectangle, là, c’est plus grave que je ne pensais. Généralement la flaque d’eau n’a que peu d’imagination au niveau des formes. Elle se contente d’imiter grossièrement le contour du continent Africain qui est, comme tout le monde le sait, l’Enfer pour toute flaque d’eau qui se respecte.

La flaque d’eau possède ce don inné d’avoir un nom qui évoque son bruit. FLAK, c’est le bruit du jeune pied d’enfant botté qui saute avec entrain dans les flaques. FLAK suivi d’un « putainnn de merde » c’est le doux son que fait le jeune fêtard rentrant aviné et titubant d’une surprise-party au petit matin dont le pied plonge malencontreusement dans une merdasse sans nom.

Sans mauvais jeu de mots, la flaque vous plonge directement dans la réalité. Et il n’est pas innocent si la flaque s’attaque principalement à la voûte plantaire, source du bien-être corporel.

A contrario, il est tout à fait possible d’apprivoiser une flaque d’eau surprise. Imaginez la joie de vos convives à la découverte d’une flaque d’eau naturalisée au milieu du salon. Bougies flottantes, nénuphars et fleur de lys viendront égayer la tristesse ambiante de votre domicile. Les plus écologistes iront jusqu’à introduire une faune bigarrée sur ou dans la flaque : insectes (plus la flaque est ancienne, plus ils seront nombreux et viendront d’eux-mêmes croyez-moi !), poissons ou oiseaux migrateurs. Quelle joie d’admirer pélicans, loutres ou cormorans s’ébattre sur les berges de votre flaque alors que vos convives et vous-même dégustez un petit apéritif.






Cormoran se séchant les plumes sur les berges de la flaque de salon de Michel et Josiane Patiniet, août 1994.

L’ennemie de la flaque reste la serpillière et l’éponge, véritables Nemesis, créés pour l’éradiquer. Aidés du sopalin, ces trois éléments viendront à bout de n’importe quel flaque, mare ou étang, si peut que l’on s’y attarde.

En vous remerciant, bonsoir.

mardi 7 février 2006

Un fantasme d'Enfoiré

Laisse-toi porter par mon fantasme: retire ta ceinture, détache tes cheveux (si tu en as), défais tes lacets et enlève tes chaussures. Voilà, tu n'as plus aucun centre de tension corporelle. Nous ne faisons plus qu’un désormais toi et moi.

Tu es parfaitement détendu(e), relaxé(e), plus allongé(e) qu'assis(e) sur ta chaise de bureau. Fin prêt(e) à m'écouter.

Un peu plus tôt dans la soirée, tes parents hésitants face à la très haute qualité télévisuelle, s'étaient concertés longuement pour finalement opter pour TF1 et la soirée des Enfoirés. Des chansons, des vedettes, du rire et une grande cause, peut-on rêver plus beau spectacle ?

Ta pathétique vie de cloporte t’interdisait d’en faire autant (tu as des convictions malgré tout), tu préférais flâner sur internet, au gré de sites entretenus par des gens tout aussi inutile que toi. L’ennui te ronge. Puis soudain, des cris d’effroi, et ton cher papa qui hurle ton prénom.

Affolé(e), tu te précipites pour savoir de quoi il en retourne.

En arrivant dans le salon, tu ne voyais sur l’écran que des images de flammes, des gens qui couraient dans tous les sens, ça criait, ça pleurait... Avait-il zappé sur un film catastrophe sans te prévenir ???Hébété(e) et incrédule, tu balbutias: "Qu...Qu'est ce qui se passe ?"

L'une de tes jeunes soeurs, qui avait réduit la distance: visage-écran de télé à seulement dix-sept centimètres, te répondit rapidement: -"Au concert des Enfoirés, d'un seul coup, y'a eu une explosion. Tout a explosé sur scène. Ca vient à peine d'arriver. Ils pensent que c'est un attentat."

Transporté par l'horreur, tu restais figé(e) devant les images qui défilaient, mesurant mal la portée d'un tel acte.

Des dizaines de camions de pompiers arrosaient la façade du brasier, l'Olympia. Les principaux médias étaient déjà tous sur place, chacun y allant de son commentaire prophétique. Tout à coup, une boule de feu sortie en hurlant de l'entrée principale de la fameuse salle. Pas très haute, cette masse informe en fusion courrait à l'aveuglette en hurlant. L'un des pompiers, plus prompt que ses collègues à réagir, hurla :

"C'est un enfant ! Les lances vite, arrosez bon Dieu, ARROSEZ !!! »

Rapidement, les jets d'eau arrosèrent abondamment la personne en feu, un pompier s'approcha précipitamment, puis s'exclama:

"Mais...mais ce n'est pas un enfant ! C'est une naine ! Je la reconnais, c'est Mimie Mathy !!!"

Le colonel des pompiers choisit ce moment-là pour se ressaisir:

"Ne gâchez pas d'eau ! Concentrez vos efforts plutôt sur les gens normaux !"

Un cri strident se fit entendre, Lara Fabian s'était réfugiée avec son ex, Patrick Fiori, sur le toit de l'établissement, rongé par les flammes.

Pris de désespoir devant une telle situation (le couple maudit se rappelait bien que le feu pouvait parfois brûler), ils s'embrassèrent fougueusement une dernière fois, avant de se jeter dans le vide, main dans la main. Trente mètres plus bas, ce fût une boucherie.

Les badauds étaient nombreux sur place, et une hola magistrale pris naissance suite à ce triste suicide. Comme un soulagement. Et dans plusieurs foyers Français, on pouvait entendre un murmure, faible et étouffé faisant suite à la mort du couple : "C'est déjà ça..."

Maintenant, toutes les chaînes étaient en émoi, retransmettant les images du drame en direct. Même Canal+ avait prématurément tronqué une oeuvre cinématographique, ce soir-là Air Bud 3, pour rendre compte tant bien que mal la triste nouvelle. Arte avait suspendu sa soirée thématique sur la carie dentaire, pour commenter dans la langue de Goethe la catastrophe, avec toutefois un petit plus face aux chaînes concurrentes:"La chevauchée des Walkyries" de Wagner en fond sonore, qui se mariait assez bien aux cris et aux sirènes de pompiers. Toutes les chaînes donc, dix minutes seulement après la première explosion, retransmettaient, quasi-religieusement, sans souci d'audience, des images de l'Olympia en flammes.

On pouvait percevoir, malgré les moyens rudimentaires de transmission, les cris affreux émanant de l'intérieur de la salle. Certains chez eux, s'amusèrent, histoire de ne pas complètement gâcher leur soirée, à reconnaître les artistes: -"Cette voix grave là, c'est Serge Lama." ou bien encore "Cet -au secours tabernacle! c'est Linda Lemay, j'en suis sûr !!"

Bien vite, le hall d'entrée de la mythique salle de Bruno Coquatrix fût rapidement hors de danger. On y découvrit le premier cadavre, on apprendra quelques jours plus tard grâce à l'empreinte dentaire, qu'il s'agissait de la chanteuse Lorie. Bizarrement, il ne lui sera pas rendu d'hommage, sur quelconque chaînes ou radio. Aucune rétrospective de sa carrière, ni même une émission posthume, rien.

La chaleur et l'effroi étaient palpables dans chaque foyer Français jusqu’aux Dom Tom. On apprit également que la soirée n'était pas effectuée en public, et que donc le nombre des victimes était fortement revu à la baisse. En effet, la salle pleine lors du concert télévisé, n'était juste qu'un effet d'incrustation assistée par ordinateur, par souci d'économie. Il fût même envisagé un temps de remplir la salle à l'aide de pauvres, de clochards et de marginaux, principaux bénéficiaires des Restos du Coeur, mais suite à cela, certains artistes s'étaient révoltés que de devoir côtoyer d'aussi près un tel parterre nauséabond de misère.

Les pompiers s'agitaient dans tous les sens, ne sachant où commencer. Un ordre fût hurlé: "Priorité sur les artistes !" ce qui réduisit considérablement le travail des soldats du feu.

Un sifflement strident retentit au coeur même de l'Olympia, clouant sur place toute personne à proximité de la déflagration. Jane Birkin venait de rendre l'âme.

Deux jours plus tard, le sinistre fût enfin totalement éteint. Une foule impressionnante de plusieurs milliers de personnes, des banderoles à l'effigie de tel chanteur ou tel footballeur, des bouquets de fleurs s'accumulaient aux abords, derrière les barrières...

Les détails horribles se partageaient la vedette dans les différents journaux télévisés:

-Une tâche sombre, du caramel, commençait à coaguler à droite des caisses d'entrée. C'est d'ailleurs suite à cela qu'on appris que Muriel Robin était diabétique.

-Les cadavres de David Douillet et d'Aznavour avaient été retrouvés calcinés, dans les toilettes pour hommes. Les médias tairont volontairement le fait qu'ils furent retrouvés dans la même cabine et donc entretenaient une relation, et cela par respect pour les défunts.

-Le point culminant du brasier s’avéra être l'estomac du jeune chanteur Faudel, où la température atteignait les 1283 degrés Celsius (le whisky qui s'était accumulé au fil des ans dans les intestins du malheureux jeune homme s'était littéralement transformé en magma).

-Ce qui restait de Florent Pagny trônait à côté des caisses, à sa vraie place, comme un signe Divin.

-Les dreadlocks de Yannick Noah et d'Anthony Cavanna ainsi que la toison corporelle de Guy Marchand, en brûlant, avaient donné une jolie couleur rosâtre et un parfum si suave aux loges.

-Fabrice Luchini, unique survivant, étendu sur la scène, eu la force de dire: "Comme le disait Beaumarchais..." avant d'être achevé à la hache par une douzaine de pompiers en furie

-A l’heure où j’écris ces lignes, nous n'avons toujours pas retrouvés le cadavre de Sacha Distel et de C Jérôme.

-Personne n'eu la force de commenter les anomalies relevées sur les os du bassin de Lââm, qui prouvèrent que c'était finalement un homme.

-Au mois de juin cette même année, avec la mort de Zinedine Zidane, Fabien Barthez, Lilian Thuram, Alain Boghossian, Christian Karembeu, Bixente Lizarazu, et Emmanuel Petit, nous perdîmes la Coupe du Monde en 64eme de finale, contre la république démocratique de l'Equateur.

Les Guignols de l'Info, Laurent Ruquier, Charlie Hebdo, même Laurent Gerra, d ' ordinaire si virulent et acerbe à l’ égard de ses contemporains... Aucun n’eut le courage de plaisanter sur un sujet aussi traumatisant pour la Nation. La famille de Canal+ fut particulièrement attristée, voir aigrie, en pensant à toute cette drogue gâchée en coulisse qui a péri dans les flammes.

En une heure, on venait de perdre la majeure partie de l'identité Française, les pontes de la musique, du spectacle, du sport...

Il y aura une enquête aboutie et minutieuse, ça coule de source. ETA, Islamistes, les Corses, Ben Ladden, l'extrême droite Française, tous seront longuement interrogés et soupçonnés.

Les fans de Johnny Hallyday formeront une milice armée, et feront justice eux-mêmes aux quatre coins de la France à dos de Harley, afin de venger l'idole des ex-jeunes.

Le Canada suite à la perte de ses plus beaux représentants, coupera tout contact avec la France et le vieux Continent et se dotera de la puissance atomique pour d'éventuelles représailles. Les divers mouvements politiques se mirent d'accord pour rétablir à titre exceptionnel la peine de mort quand aux auteurs de cet acte inhumain.

Ils ont retrouvés ce matin une paire de gants sur le toit de l’établissement. Manifestement, elle aurait appartenue aux terroristes. Putain, un cadeau de ma grand-mère !!

AUJOURD’HUI ON A PLUS LE DROIT NI D’AVOIR FAIM NI D’AVOIR FROID.

La télévision hurlante de mon voisin venait de me sortir de ma torpeur. Je m’étais assoupi sottement et avait une fois de plus fui dans mes fantasmes délétères. Quel enfoiré je fais tout de même !

dimanche 5 février 2006

Holly fuckin' Pez !



Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours connu devant les caisses des grandes surfaces les jouets Pez. Certains les appellent distributeurs, les puristes utilisent le terme plus adéquate de « briquet Pez ».

Commercialisé en France depuis un bon 25 ans au moins… A l’époque, ils trônaient en haut des étagères, des dizaines de modèles différents s’étalaient. Désormais, il ne reste plus qu’un modèle ou deux à peine, perdu tout en bas, au fond, à l’abri des regards.

Je ne m’attarderais pas sur cette déchéance Pezienne. Comme lorsqu’un proche nous quitte, on se félicite de l’avoir connu, je me féliciterais donc que les Pez soient encore en vente libre.

Car en 25 ans, personne ne me fera croire qu’ils n’ont reçus aucune lettre de réclamation, aucune plainte sur ce stupide système de recharge ? Aucune langue coincée (hormis la mienne mais j’ai tendance à la laisser traîner un peu partout ces temps-ci), pas un seul petit accident que la Morale réprouve avec l’un de ces briquet Pez ?(enfonce le moi jusqu’à la garde mon gros cochon !)

Le modèle le plus classique, celui autour duquel s’est construit le mythe, je veux parler bien entendu du modèle Titi à corps bleu. Alors j’entends ici et là « ouais mais le modèle Dark Vador ? » Le Dark Vador, c’est de la roupie de sansonnet face au modèle Titi, ok ? De la gnognotte, du pipi de chat, de la crotte, je me suis bien fait compris ?

Certes, en 25 ans, quelques améliorations, mais purement esthétiques ! La base, le réceptacle à bonbec si vous préférez, est resté en tout point identique.

Pas de méprises, je ne leur reproche pas cette perpétuation.

Lorsqu’on crée (volontairement ou non, je ne me suis pas encore totalement penché sur la question hélas) un tel outil, d’une perfection sans égal, on ne peut que se prosterner et applaudir à tout rompre. Ce réceptacle est le fondement même du briquet Pez. Son Essence, son Ame.

La partie supérieure, elle, évolue avec les mœurs, avec son époque, et c’est tout légitime. Même si je persiste à croire que la plupart ne sont que de vulgaires ersatz cinématographiques et commerciaux d’un opportunisme exacerbé qui me révulse littéralement. Citons par exemple les modèles E.T, Simpson, Bob l’Eponge, Snoopy et tutti quanti.

Hormis ces détails, je défie à quiconque de me discerner un briquet Pez fabriqué il y a vingt ans d’un modèle plus contemporain (je pense notamment au modèle Obélix).

Attardons nous un instant sur le bien fondé du Pez. Le Pez est philosophique. Le Pez est religion.

Le briquet Pez n’est pas un jouet. C’est un distributeur ! (il se sert un grand verre d’eau puis le bois d’un seul trait).

J’insiste sur cette notion car elle est importante : UN DISTRIBUTEUR.

A-t-on déjà offert un distributeur à un enfant pour qu’il s’amuse ? Avez-vous seulement déjà vu un enfant jouer et rire grâce à un distributeur ? Grands Dieux non, jamais.

Car en offrant un briquet Pez, on socialise l’enfant, on le rend mature.

« Tiens jeune enfant, voici un présent. Il s’agit d’un briquet Pez, fais-en bon usage en distribuant à ton gré » (vous aurez noté qu’il est de bon ton de stipuler la fonction première de pareil objet à l’enfant même si, malgré ses nombreuses tares, il en aura vite deviné le meilleur usage).

Connaissez-vous meilleur outil de socialisation qu’un distributeur Pez ? Autour d’un tel objet, des relations se nouent, des couples se forment (« c’est grâce à un briquet Schroumpf que j’ai rencontré mon troisième mari » m’a témoigné récemment une fidèle lectrice).

Alors bon : Où et quand sortir son briquet Pez ?

Notez bien ceci : Toutes les occasions sont bonnes pour sortir son briquet Pez. Ne jamais se cacher pour se sustenter. C’est bien compris ? De la dissimulation naît la honte.

De mémoire, je ne me souviens pas avoir déjà été honteux d’arborer en toutes circonstances un briquet Pez à même la poche de ma chemise. La tête dépassant, telle une offrande, j’invite quiconque à venir me réclamer un Pez ou deux. C’est avec une joie sans pareille que je les servirais.

Lors d’une barmitzva ou de l’Aid el Kebir, au cours d’un vernissage ou d’un cocktail mondain, une partie fine ou l’enterrement d’un proche…Une cérémonie officielle, ou la remise des palmes académiques, Mérite Agricole ou Légion d’Honneur…

N’hésitez pas à brandir votre briquet Pez que diable et distribuez allégrement autour de vous moult bonbons. A noter toutefois que les briquets Pez sont proscrits les jours de Shabbat pour des raisons évidentes.

Je me plais parfois à rêver d’une personne (c’est un appel que je lance là) capable de discerner sans sourciller les différentes saveurs des Pezs.

Une personne susceptible de me dire, quelles que soient les circonstances :

« Ca tu vois mon petit bonhomme, c’est un Pez à la Cerise » ou bien encore

-« Un Pez à la pomme dissimulé dans les citrons, chercherais-tu à me duper ?»

C’est mon petit côté utopiste ça, voyez…

Des thèses révisionnistes tendraient à prétendre que : « Dragibus = plusieurs couleurs pour un seul et même goût » mais je ne me ferais pas le porte-parole de telles théories nauséabondes).

La phase cruciale, la plus complexe est celle dite de la recharge. Le secret réside avant tout dans l’ouverture du paquet de bonbons. Processus malheureusement souvent bâclé par des mains trop pressées.

Peziquement parlant, et en toute modestie, je suis le Dieu de la recharge. Quelques conseils pour bien faire :

Prenez votre temps, pas d’appréhension, ne paniquez pas, respirez calmement et contrôlez pleinement vos gestes. Les tremblements, l’anxiété ou une transpiration excessive pourraient avoir une influence désastreuse sur une recharge de briquet Pez.

Ouvrez le paquet dans le sens de la longueur, dégagez bien les bords. Ouvrez au maximum votre briquet Pez (amplitude conseillée: 72°). Puis retournez rapidement votre recharge dans le réceptacle. Plus le geste est rapide et précis, mieux la recharge s’effectuera. Il est possible que lors de vos premières tentatives, les bonbons situés aux extrémités se désaxent et « poudrillent » (jargon Pezique). Je vous invite à recommencer au plus vite, de ne pas rester ainsi décontenancé face à l’échec. Moi-même, il m’arrive encore de « poudriller » sans honte. Je l’avoue ouvertement face à vous : pas plus tard qu’hier, j’ai poudrillé. C’est même devenu un sujet à boutades dans mon entourage : « regardez Michel, il a encore poudrillé ! »

Ce qu’ils manquent aux Pez, ce sont des bras. Indubitablement. Si les Pez avaient des bras, nul doute qu’à l’heure qu’il est, ils domineraient le Monde.

N’oubliez jamais qu’une trachéotomie paraîtra toujours plus douce et joyeuse à l’aide d’un briquet Pez.

J’ai volontairement occulté la portée mystique, quasi-biblique d’un briquet Pez. Car je n’ignore pas qu’il s’agit là d’un sujet délicat, touchant tour à tour à la métaphysique, qu’à la thaumaturgie et aux prémices même de toutes les religions (cultures animistes comprises).

Est-ce un hasard si les recharges et le réceptacle lui-même ont une capacité de 12 petits bonbons ? Douze, cela ne vous évoque t’il rien ?

Les douze apôtres évidemment, et je ne crois nullement qu’il s’agisse là d’une simple coïncidence.

Poussons plus loin l’hypothèse, et imaginons un instant qu’autour de Jésus de Nazareth, à la table des apôtres, l’un d’eux est sorti son briquet Pez.

Thomas, Matthieu, voir Judas ou Jésus lui-même ?



Mais j’ai conscience que mes théories bouleversent l’ordre établi et dérangent. Le manque de temps et d’espace me font cruellement défaut pour vous détailler le rapport évident qui réside entre la muraille de Chine, Youri Gagarine, et les briquets Pez.

En vous remerciant, bonsoir.